Dans cette tribune publiée en août 2019, François Hurel, président de l'Union des Auto-Entrepreneurs, note que la part des femmes dans la création d'entreprise reste sensiblement la même depuis 25 ans : elle stagne aux alentours de 30%, malgré des mondes du travail et de l'entrepreneuriat qui évoluent.
Les femmes sont de surcroît plus âgées que les hommes lorsqu'elles entreprennent, notamment après cinquante ans. Plus diplômées mais moins expérimentées au moment de la création, elles réussissent toutefois aussi bien voire mieux que leurs homologues masculins lorsqu'elles créent. Mais c'est souvent moins le cas, puisqu'une nette partie des créatrices est issue de « l'inactivité ».
Ce constat nous rappelle tristement combien l'égalité professionnelle entre hommes et femmes n'est pas encore une réalité : le passif socioculturel important des hommes les maintient premiers pourvoyeurs de dirigeants.
Le phénomène pourrait néanmoins s'inverser avec le développement de la tertiarisation, l'élévation du niveau de formation des femmes et leur changement de fonctionnement vis-à-vis de la famille. Ces facteurs ont permis notamment le développement d'un mouvement global, baptisé par les Américains les « Mompreneurs » : des femmes dans la trentaine, souvent mères, qui décident d'entreprendre pour s'émanciper d'une structure d'entreprise qui les bride (horaires, salaires, accès aux postes-clés) et accéder à une meilleure qualité de vie. Cette plongée dans l'entrepreneuriat se mue plus généralement en libération face aux inégalités qu'en difficile parcours. A l'autre bout du spectre social, d'autres créatrices sans diplôme ou expérience accèdent à un auto-emploi permis par l'auto-entreprise pour sortir de l'exclusion sociale et économique. Ces deux mouvements spontanés doivent être encouragés, pour ouvrir une nouvelle voie d'accomplissement professionnel et personnel au féminin.
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