« Se lancer en affaires, être son propre patron, avoir plus de liberté, pouvoir concilier travail et vie personnelle. Autant de raisons qui motivent la plupart des gens à devenir entrepreneur. Mais qu’en est-il sur le terrain ? »
La reconversion entrepreneuriale en sol québécois
Depuis plusieurs années, l'entrepreneuriat est fortement soutenu au Québec : de nombreux organismes et programmes de formation se développent pour accompagner le futur entrepreneur. Chaque année, la Fondation de l’Entrepreneurship, appuyée par des partenaires du milieu, publie l’Indice entrepreneurial du Québec* qui dresse un portrait de l’écosystème. Les données portent autant sur l’intention de se lancer en affaires que sur les démarches entreprises par les différents groupes de la population.
Leur bilan ? Depuis plusieurs années, les intentions et les démarches pour entreprendre étaient en hausse (5% de hausse en moyenne entre 2013 et 2019**). En 2021 la dynamique s’est toutefois ralentie, notamment chez les hommes comparativement aux femmes et aux immigrants. On suppose que le contexte actuel de plein emploi québécois explique cette baisse d’intérêt.
Au-delà des statistiques, j’ai demandé à 2 intervenants et 1 entrepreneur ce qu’ils en pensaient.
Alexandre Vézina, entrepreneur-conseil et cofondateur de la Clinique d'Accompagnement Entrepreneurial***, une structure qui soutient les entrepreneurs partout au Québec en proposant des programmes d'accompagnement pour les entreprises en développement et en croissance. Depuis une quinzaine d’années, il a conseillé des milliers d'entrepreneurs et est également l'auteur de sept livres d'affaires qui outillent les entrepreneurs au quotidien.
Selon Alexandre, « il faut pour se reconvertir dans l’entrepreneuriat une bonne analyse de ses capacités personnelles tout en étant conscient des qualités nécessaires avant de se lancer dans l’aventure. Je déconseille aux futurs entrepreneurs de se laisser uniquement motiver par les aides disponibles, car la vie d’entrepreneur est semée d'embûches !
Pour moi, les qualités nécessaires au nouvel entrepreneur sont :
Dans la pratique quotidienne, j’ai pu identifier en côtoyant de nombreux créateurs que l’amélioration de la qualité de vie ou le développement de nouveaux intérêts sont la réelle source de motivation pour se lancer en affaires. J’ai aussi remarqué que, dans le contexte actuel de pénurie de main d'œuvre, les 25-35 ans sont plus enclins à prendre des risques en gardant en tête que, si cela ne fonctionne pas, ils pourront facilement retrouver un emploi. »
Marie-Ève Leclerc, formatrice chez Capitale Entrepreneur, est coordinatrice d’un centre de formation dédié à l'entrepreneuriat. Elle est régulièrement en contact avec de futurs créateurs souhaitant parfaire leurs connaissances avant de démarrer leur entreprise.
Dans sa pratique, Marie-Ève « identifie deux profils de situations qui poussent les salariés vers l’entrepreneuriat :
À la suite d’un court sondage auprès de mes étudiants, voici les principales motivations qui les amènent vers la reconversion entrepreneuriale :
Mes étudiants ont également identifié trois élément pouvant entraver la réalisation de leur projet :
Face à ces potentiels freins à la reconversion, le Québec et ses structures publiques ou privées mettent à disposition des entrepreneurs différentes ressources pour mieux les accompagner.
Ces aides proviennent de tous les niveaux de gouvernement, soit fédéral, provincial, municipal, syndical ou émanant du secteur privé (capital de risque), dans tous les secteurs d’activités (technologie, agriculture, tourisme, culture, science, etc), pour toutes les formes d’entreprises (coopérative, collaborative, communautaire, etc.) et pour tous les groupes sociaux (les jeunes, les autochtones, les communautés culturelles, les femmes).
Elles peuvent être financières : de la bourse à la subvention, en passant par le prêt ou la prise de participation sous forme d’actions dans l’entreprise.
En parallèle du financement, le Québec peut également se targuer d’un vaste réseau d’incubateurs et accélérateurs qui proposent des programmes pour stimuler le développement des entreprises émergentes.
Enfin, il ne faut pas oublier le mentorat, bien développé dans la province et qui encourage les entrepreneurs à bien s’entourer afin de pouvoir mieux aborder leurs problèmes du quotidien.
Nous évoquons ici la création d’entreprise mais il y également au Québec la possibilité de se porter acquéreur d’une entreprise existante. Au Québec, plus de 10 000 entreprises sont actuellement à la recherche d’une relève à court terme ! On parle, dans ce cas-ci, de repreneur. »
J’ai terminé mon tour des entrepreneurs en échangeant avec Jonathan Pomerleau, un jeune repreneur qui m’a parlé de son parcours personnel et des motivations qui l’ont amené à acheter l’entreprise qu’il dirige aujourd’hui, NovAxis Solutions Inc. (qui détient les acteurs WebSelf.net, Freelogodesign.org, Momenteo.com). Jonathan a troqué un emploi dans une banque contre son lancement en affaires.
« Je viens d’une famille d’entrepreneurs qui ont tous connu des hauts et des bas : j’étais donc bien conscient des risques liés à la reprise d’une société. Malgré tout, j’ai toujours voulu entreprendre et je me suis préparé en lisant notamment tout ce qui touchait au sujet. Un livre en particulier, « Les secrets d’un esprit millionnaire » **** m’a convaincu que j’avais les qualités requises pour me lancer.
Pour moi un entrepreneur est quelqu’un de passionné, résilient, énergique, persévérant et sachant bien s’entourer. Dans sa pratique quotidienne, se fixer des objectifs, s’y préparer et s’y tenir me semble particulièrement important : cette méthodologie peut s’éprouver rapidement ou, au contraire, prendre plusieurs années avant de s’installer.
Mon expérience de gestionnaire financier m’avait plutôt préparée à racheter une entreprise plutôt qu’en lancer une, et c’est en ce sens que j’ai investi mes efforts. Dans les deux cas, l’entrepreneuriat constitue un choix de vie loin d’être facile : le dirigeant a constamment des problèmes à régler et tous ses choix ont une incidence sur sa vie tant personnelle que professionnelle, ses finances et son entreprise. Il doit également avoir la capacité de prendre des décisions dans un contexte où il ne possède pas toutes les informations nécessaires, mais aussi être en mesure de vivre avec l’incertitude : au quotidien, toute sorte d’événements peuvent surgir et il faut être en mesure d’y faire face. »
De mes rencontres avec ces 3 intervenants, je retiens que la reconversion entrepreneuriale demande du courage, de l’audace, de la préparation et surtout une analyse de ses propres capacités car la vie d’entrepreneur n’est jamais aussi rose que l’on peut l’imaginer de l’extérieur. Mais pour ceux qui choisissent cette voie, on évoque régulièrement la fierté de se réaliser, de contribuer à changer son environnement et enfin, de pouvoir vivre sa passion.
🗄 Le vocabulaire entrepreneurial du QuébecSe lancer en affaire : entreprendreMentions et ressources* https://indiceentrepreneurialqc.com/rapports/indice-2021/indice-mars-2022/ ** https://indiceentrepreneurialqc.com/wp-content/uploads/2022/04/INDICE_ENTREPRENEURIAL_2021_VF_FLegal.pdf *** https://caeqc.ca/ **** Les secrets d’un esprit millionnaire, T. Harv Eker, Editions Trésor Caché, 2008 |
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